Savez-vous ce que dit la tradition, sur le portail de la cathédrale d’Ajaccio ?
L’évêque de la ville corse, Jules Giustiniani, qui dirige les travaux de construction de la cathédrale actuelle en 1559, achète et paie... 3 fois les marbres qui le composent !
La première fois, la commande sombre avec le rafiot qui la transporte. La deuxième fois, elle se fait capturer par des corsaires...
Tout commence quand Giustiniani commande le premier portail à un sculpteur de Carrare, dans le nord de l’Italie.
Pour le ramener en Corse, il fait appel au capitaine de la Santa Maria, François Acquaviva.
Un jeune gaillard, mais un poil joueur invétéré et buveur sur les bords !
En chemin, le voilà qui s’arrête à Naples, boit comme un trou, perd tout son argent aux cartes.
Il va jusqu’à miser son bateau et le marbre... qu’il perd aussi.
Alors, quand il rapplique à Ajaccio devant l’évêque, la queue entre les jambes, il raconte qu’une tempête terrible a tout emporté. Giustiniani le croit.
Mieux, Acquaviva est tellement convaincant, que l’évêque lui dit d’aller chercher un nouveau marbre !
Le propriétaire du bateau, lui, construit une seconde Santa Maria.
Mais plus de nouvelles au bout de plusieurs mois. Les années passent.
Et l'on voit un beau jour revenir un François amaigri, les yeux fatigués, qui raconte : la première fois, il a vendu le marbre au jeu, c’est vrai.
Mais là, des corsaires africains l’ont kidnappé et l’ont vendu à Tunis, comme esclave pour les galères... il a fini par s’échapper.
Giustiniani pardonne à Acquaviva.
De toutes façons, depuis toutes ces années, il avait fait faire un troisième portail... celui que l’on voit aujourd’hui, avec son blason !
Et la tradition dit que le deuxième marbre blanc de l’évêque se trouve quelque part dans une mosquée de Tunis...
Source
- Gaston d'Angélis, Don Giorgi. Guide de la Corse mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.