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Les petites histoires de l'abbaye de Langonnet

Quand : 1136 - 1858

Le cloître | Lanzonnet / CC-BY-SA
Abbaye Brigandage Cistercien La Fontenelle Abbaye Notre-Dame de Langonnet

Un grand marais

Maurice et Conan

Le duc Conan III ou IV fonde l'abbaye en 1136 à la demande sa mère, l'ancienne duchesse bretonne Irmengarde.

12 moines arrivent de l'abbaye de l'Aumône, près de Chartres, pour s'y installer.

L'endroit se situe près de l'ancienne voie romaine Port-Louis-Carhaix : c'est un grand marais bien à l'abri du vent, avec des bois autour.

La rivière Ellé coule à côté, et permet l'aménagement d'étangs pour la pisciculture.

Le premier abbé s'appelle Maurice, il va aller fonder l'abbaye Saint-Maurice-de-Carnoët. C'est un ami de Conan III.

Lin et parchemin

Les moines vaquent à leurs occupations, elles sont nombreuses !

Car comme le veut la règle cistercienne, ils doivent travailler dur et prier.

On a des moines qui cultivent la terre, d'autres qui fabriquent du lin ou des parchemins, d'autres encore travaillent le fer...

Tous ces savoir-faire combinés permettent à l'abbaye de vivre en parfaite autarcie, finalement !

Au Moyen Âge, l'abbaye possède des terres dans les paroisses de Gourin, du Faouët et perçoit des rentes en argent ou en grains.

Richesse, calme, prospérité, donc...

Jusqu'à la mise en place de la commende, au 16e siècle : le dernier abbé régulier s'appelle Yves de Boutteville, c'est le seigneur du Faouët.

Temps de guerres

Décadence, quand tu nous tiens !

Nous sommes en 1536 et voilà la fameuse commende : on nomme à la tête de l'abbaye non plus un religieux, mais un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire, un laïc. Misère !

Eh oui, parce que ces « abbés » se contrefichent de leur abbaye, n'y vivent même pas, se contentant dans la majorité des cas d'en prendre tous les revenus... laissant aux moines juste de quoi vivoter !

Parmi ces « abbés », l’abbaye de Langonnet a gardé les noms :

• des Bonacourcy, famille favorite de Marie de Médicis ; • des Marboeuf, une famille de riches parlementaires originaire de Rennes...

Un bandit assoiffé de sang

Les choses se corsent pendant les guerres de Religion, tout particulièrement pendant les troubles de la Ligue : si je vous dis La Fontenelle, cela vous dit quelque chose ?

Un bandit assoiffé d'or et de sang, qui pille la moitié du Finistère et des Côtes-d'Armor... Langonnet y compris.

La Fontenelle s'y installe après avoir chassé les moines et détruit tous les livres précieux et les archives.

En 1598, au retour des moines, l'abbaye ressemble à un champ de ruines...

Elle se relève entre 1688 et 1788. Un siècle !

Aux enchères !

Un siècle d'effort et de travaux colossaux tout cela pour finir comme bien national à la Révolution !

Les 6 moines qui restaient à l'époque n'ont rien pu faire pour éviter que la bibliothèque ou le mobilier de l'église ne soient vendus aux enchères...

C'est triste, mais la majorité des abbayes finissaient ainsi, pour ne pas dire toutes !

Sauf que là, personne ne se présente pour acheter l'abbaye.

Cela lui évite la destruction totale, c'est déjà ça ! Mais que va-t-elle devenir, alors ?

Un haras dans l'abbaye !

Un sombre coupe gorge

Après le passage des Chouans et de l'armée Républicaine en 1793, voilà qu'en 1803, Langonnet devient un repaire un peu glauque...

« 60 familles de misérables, sans aveu et sans occupation » occupent les bâtiments conventuels, nous dit la brochure de visite éditée par l'abbaye, avant d'ajouter « Il n'est pas prudent de passer la nuit dans ces parages », car on tue et on vole...

Brrr ! Drôle de reconversion pour une abbaye...

Chevaux et Saint-Esprit

Il faut attendre 1806 pour que Napoléon décide d'installer un haras à Langonnet, sauvant du même coup les bâtiments.

L'église est transformée en stalles et comme il faut accueillir près de 70 étalons, on construit une aile supplémentaire au nord de la chapelle.

Et puis, en 1853... la congrégation du Saint-Esprit, installée non loin de là à Gourin, a des vues sur l'abbaye.

Elle aimerait bien s'y installer !

L’État va le lui permettre, en 1857. Et le haras ? Il déménage à Hennebont... où il se trouve encore aujourd'hui !

Des membres de la congrégation occupent encore les lieux, mais l'abbaye est ouverte à la visite. Profitons-en !

On visite quoi ?

Le cloître

Avec ses 3 bâtiments disposés en forme de U, le cloître a été reconstruit en béton armé entre 1930 et 1936, sur l'emplacement de l'ancien.

À un des coins s'élève le gros clocher massif, en granit. On le dit de style typiquement cistercien car dépourvu de toute décoration !

La cour

Au milieu, la statue de la Vierge, la copie de Notre-Dame-de-France réalisée pour l'Exposition universelle de 1878.

On remarque aux 4 coins de la cour 3 armoiries : celle de l'ordre de Cîteaux, celle du duché de Bretagne avec l'hermine et celle de la congrégation du Saint-Esprit avec la colombe et le cœur.

La salle capitulaire

C'est le seul vestige (1250) qui a survécu à toutes les destructions !

On y entre par une belle porte, dont on remarque que la pierre a pris une teinte un peu orange : la pierre utilisée, du granit ferrugineux, a tout simplement rouillé !

À l'intérieur, une voûte gothique, la première apparition de ce style en Bretagne, parait-il !

La chapelle

L'église primitive construite au 13e siècle a disparu au cours des siècles. L'actuelle chapelle date de l'arrivée de la Congrégation : 1858.

Le style rococo dans toute sa splendeur ! On note la présence du gisant de saint Maurice.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !