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Les dessous de la création de la fresque de l'église de La Madeleine

Quand : 1838

La fresque de Ziegler, église de la Madeleine | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Église paroissiale Église de la Madeleine

Sacré bazar autour de la création de la coupole de l'église de la Madeleine, à Paris, en 1838… On la doit à Jules Ziegler.

Sa plus grande œuvre, mais celle aussi qui va porter un coup fatal à sa carrière de peintre d’État !

Mais que s'est-il passé ? Intrigues ? Coup bas ? Simple coup de chance ?

Delaroche en vacances ? Ziegler arrive

Tout commence avec Paul Delaroche. C'est à lui que l'on confie la réalisation de la coupole de la Madeleine.

Oh, Delaroche, c'est un as.

Un peintre reconnu. On ne prend pas vraiment de risque avec lui, en lui laissant le projet.

Pour se mettre en conditions, il part étudier les peintures italiennes à Rome, confiant.

Est-ce que ces « vacances » vont durer trop longtemps et retarder l’exécution du projet ?

En tous cas à Paris, pendant ce temps, le ministre de l'Intérieur Thiers rencontre Ziegler, 34 ans, et lui demande ce qu'il ferait, lui, comme peintures pour la coupole.

Il lui demande un croquis. Ziegler, comparé à Delaroche, c'est un débutant. N'empêche que Thiers est emballé par son projet...

Le thème ? Héros et saints réunis autour de Jésus !

À la droite de celui-ci, on a l'histoire du christianisme en Orient, à gauche du christianisme en Occident. L’Orient, avec les premiers saints orientaux, Constantin et Laurent.

Ensuite, les croisades avec le roi saint Louis, Richard Coeur-de-Lion ou Godefroy de Bouillon.

L'Occident, avec sainte Cécile, la reine Clotilde, le baptême de Clovis, Jeanne d'Arc, Henri IV qui achète son royaume pour le prix d'une messe, Louis XIII et le cardinal Richelieu.

Et bien sûr, Napoléon Ier, qui se couronne lui-même ! Thiers, baba, confie… l’exécution de la peinture à Ziegler.

Le clash !

Ziegler se met à la tâche au milieu des ragots. Mais Delaroche apprend la nouvelle en Italie. Vous parlez d'un choc !

Il rentre fissa de Rome et râle. Il a déjà reçu une avance de 23 000 francs, qu'il rend rageusement, vexé comme un pou. Humilié.

Même son beau-père, le grand peintre Horace Vernet, demande au roi de France Louis-Philippe que la coupole lui soit rendue.

Ziegler refuse. Ce travail, il l'a eu honnêtement, sans rien demander !

Furieux, Louis-Philippe punit Ziegler, qui ne devait plus jamais recevoir de commandes du gouvernement…

En revanche, pour La Madeleine, la fresque est un triomphe : Ziegler reçoit la Légion d’Honneur !

Fatigue visuelle

Mais le pauvre Ziegler avait épuisé ses yeux, les 3 années qu’avait duré la réalisation de la murale.

Déformation visuelle due à la forme concave de la coupole, paraît-il : Michel-Ange avait souffert de la même chose en peignant la chapelle Sixtine, dit Biographie universelle, ancienne et moderne (Michaud, 1855) !

Condamné à ne plus jamais peindre, Ziegler se retire chez lui pour une retraite forcée, près de Beauvais : il repose sa vue en se consacrant à la poterie. Avant de mourir en 1856.

Sources

  • Michaud. Biographie universelle, ancienne et moderne (tome 45). 1855.
  • Article Chronique de la quinzaine. Revue des deux mondes (série 4, tome 3). 1835.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !