This website requires JavaScript.

Le troubadour Guillaume IX d'Aquitaine et Aliénor d'Aquitaine

Quand : 1071 - 1127

La tour Maubergeon | Bigfootjp / CC-BY-SA
Château Aliénor d'Aquitaine Guillaume IX d'Aquitaine Ancien palais des comtes de Poitou

Les comtes de Poitou

Nous voilà dans l’actuel palais de Justice, le vieux château des comtes du Poitou !

Construit sur un ancien palais romain qui faisait aussi office de salle de justice, c’est à partir du 10e siècle que l’endroit devient la résidence des comtes de Poitou : le fier Guillaume IX d'Aquitaine, 7e comte de Poitou, va le faire entièrement reconstruire : la salle des Pas-Perdus, on la lui doit !

Guilhem, comme on l’appelle alors dans le coin, est grand, puissant, blond et sacrément beau gaillard.

Savez-vous qui il est ? Le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine !

Justement, au 12e siècle on voit débarquer la petite-fille en question accompagnée de son Anglais de mari, le roi Henri II : Poitiers devient la cour favorite de la belle duchesse.

Guillaume IX d'Aquitaine, troubadour

Aliénor et la cour des poètes

Revoilà Guillaume IX d'Aquitaine ! Le tout premier troubadour de l’Histoire, mais aussi le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine !

Elle qui aime s’entourer de troubadours, dans ses différentes cours (surtout celle de Poitiers), elle, la reine délicate et intelligente qui appréciait plus que quiconque les jolis mots chantés de ces poètes...

Elle avait de qui tenir !

On surnomme Guillaume « le Troubadour », depuis le 19e siècle.

Car en plus d’être comte de Poitou, duc d’Aquitaine et de Gascogne, c’est un fin poète de langue occitane, le premier connu.

À la tête d’une des cours les plus brillantes d’Occident, c’est un grand mécène.

Rustre, va !

Poète à ses heures perdues, il chante les femmes, l’amour. Mais comme c’est le premier, sa prose est un peu crue !

Oh, il est bagarreur, le Guillaume, un peu rustre, amateur de femmes et n’ayant pas peur de Dieu (ni de personne, d’ailleurs).

Dans son « Compagnons, je ferai un chant convenable » (Companho, faray un vers covinen), il met en scène deux maîtresses, comparées à des montures qu’il faut mater :

« J'ai pour ma selle deux chevaux, et c'est fort bien ; tous deux sont bons, dressés au combat et vaillants : mais je ne puis les avoir tous deux ensemble, car l'un ne peut supporter l'autre. Si je pouvais les dompter comme je le voudrais. je ne porterais pas ailleurs mon équipement, car je serais mieux monté en chevaux qu'homme vivant. Chevaliers, conseillez-moi dans mon doute ; jamais choix ne me causa plus d'embarras : je ne sais à laquelle je dois m'en tenir, d'Agnès ou d'Arsen. »

Avec lui, l’amour est tout sauf platonique, c’est un désir ardent, cru, brutal.

Voici Farai chansoneta nueva :

« Je ferai une chansonnette nouvelle, avant qu'il vente, gèle et pleuve. Ma dame me tente et m'éprouve, pour savoir de quelle façon je l'aime : mais jamais, quelles que soient les querelles qu'elle me cherche, je ne me délierais de son lien. Au contraire, je me rends et me livre à elle, si bien qu'elle peut m'inscrire en sa charte. Et ne me tenez pas pour insensé si je l'aime, cette dame parfaite, car sans elle je ne puis vivre, tellement j'ai faim de son amour. Vous êtes plus blanche qu'ivoire : et c'est pourquoi je n'adore nulle autre que vous. Si dans peu je n'obtiens secours, si ma dame ne me montre pas qu'elle m'aime, je mourrai, par le chef de saint Grégoire, à moins qu'elle ne me baise en chambre close ou sous la ramée. Qu'y gagnerez-vous, dame jolie, si vous m'éloignez de votre amour ? II semble que vous vouliez vous faire nonne. Mon amour est tel, sachez-le, que je crains de mourir de douleur, si vous ne réparez les torts au sujet desquels j'élève envers vous ma plainte. Qu'y gagnerez-vous si je me cloître, si vous ne me retenez pas parmi vos fidèles ? Toute la joie du monde est nôtre, si vous et moi nous nous aimons. Pour elle je frissonne et tremble, car je l'aime d'un profond amour. »

Dangerosa

Après sa participation à la 1re croisade, Guillaume rentre au bercail, chasse son épouse Philippa et prend une femme mariée comme maîtresse : Dangerosa de l’Isle Bouchard, plus tard mariée au vicomte de Châtellerault qui lui donnera une fille, Aénor...

La mère d’Aliénor ! Sous la plume de Guillaume, Dangerosa devient la « Maubergeonne. »

De là le nom de la tour Maubergeonne qu’il fait construire pour elle...

À moins que le nom ne vienne du nom du tribunal en latin, mallum, associé à l’allemand berg (« montagne »), car ledit tribunal se tenait en général sur un point élevé, d’où malberg, puis mallobergium ?

Source

  • Alfred Jeanroy. Les chansons de Guillaume IX, duc d'Aquitaine. 1913.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !