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Le gouffre de Padirac : légende diabolique, naufrage dans le noir

Quand : 1889 - 1898

Le gouffre | Dimimis / CC-BY-SA
Cavité naturelle Naufrage Exploration Légende Edouard-Alfred Martel Gouffre de Padirac

La légende : allez, saute, ma mule !

La légende veut que le gouffre de Padirac soit l’œuvre et le domicile du Diable !

Ce satané démon élisait décidément domicile dans des endroits pas possibles...

On dit que saint Pierre parcourait la région à la recherche d'âmes à sauver. Il n'en trouve pas !

En revanche, il tombe sur le Diable en personne, avec sur le dos, un sac rempli d'âmes.

Le démon lui propose alors un marché : il lui donne ses âmes si le saint arrive à franchir, avec sa mule, le terrible obstacle que voilà...

Un vaste gouffre qu'il venait de créer d'un claquement de doigt !

Pas de problème : Pierre éperonne sa mule, qui saute au-dessus du gouffre avec aisance... et atterrit de l'autre côté !

On dit qu'elle a laissé l'empreinte de ses sabots, que l'on peut encore voir...

Et le Diable ? Vexé comme un pou, il saute dans le gouffre et disparaît dans les entrailles de la terre... Pour toujours ?

La découverte : naufrage dans les ténèbres

C'est le célèbre spéléologue Martel qui découvre le gouffre le premier, en 1889.

L'expédition s'apparente à un vrai voyage sous la terre ! Un périple semé d'embûches...

Tenez : en découvrant le pas du Crocodile, Martel et ses hommes font « naufrage » en septembre 1895.

Si si, leur canot se heurte contre une muraille et ils perdent l'équilibre.

Ils tombent dans l'eau et leurs lumières s'éteignent...

Martel rapporte :

« Le passage subit à cette obscurité de catacombe m'impressionna tout d'abord plus profondément que l’immersion complète dans l'eau à 12°C. La sensation de froid était totalement annihilée par celle, réellement terrible, de ce noir parfait. Et je comprends la répulsion instinctive que l'ombre des cavernes inspire à certaines personnes. Auparavant, je ne m'étais jamais imaginé l'horreur véritable de ces ténèbres souterraines, absolues comme le néant. »

Martel a un peu de mal à s'en sortir.

C'est qu'il se croit déjà noyé, désespérant de trouver la main d'un ami pour l'aider à regagner un bout de terre ferme !

Mais, exploration semée d’embûches ou pas, c'est grâce à ces hommes que dès 1898, la grotte a pu être aménagée et ouverte au public...

La visite de Padirac

C'est une rivière souterraine qui a creusé les nombreuses galeries du gouffre, à même le causse de Gramat.

Comptez au moins 2 heures pour explorer le gouffre. On visite 2,5 km, mais la rivière souterraine mesure près de 25 km !

Des ascenseurs et des escaliers permettent de descendre dans les entrailles de la terre.

Eh oui, on descend tout de même à 75 mètres de profondeur : allez, une fois en bas, levez la tête !

On comprend la réaction de Martel quand il a vu cela pour la première fois :

« En 8 minutes je suis en bas de l'échelle qui a tourné plusieurs fois sur elle-même, m'étourdissant quelque peu ; cela m'a paru long ; je me détache avec plaisir de la corde, me laissant seul dans la profondeur. Et je lève la tête ! L'impression est fantastique : on se croirait au fond d'un télescope ayant pour objectif un morceau circulaire de ciel bleu. »

On prend des escaliers pour arriver au niveau de la rivière souterraine.

Et la découverte commence !

La température ? 10°C toute l'année. Un petit pull est à prévoir...

Sources

  • Pierre Minvielle. Guide de la France souterraine. Éditions Tchou, 1970.
  • Ernest Rupin. Article Un naufrage à 100 mètres sous terre. Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze (tome 17). 1895.
  • Norbert Casteret. E.-A. Martel : Explorateur du monde souterrain. 1943.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !