Naïa hante le château de Rochefort-en-Terre

Saviez-vous qu’une sorcière hantait les ruines du château de Rochefort-en-Terre, au début du 20e siècle ?

Oh, là voilà !! Qui ? Naïa...

Cachée dans l’ombre des vieilles ruines de Rochefort, sombre silhouette clopinant courbée sur son long bâton noueux... ne vous fiez pas à ses allures de vieille chouette, elle ne mord pas.

Même si ces apparitions fichent les miquettes aux paysans du coin, cette fille d’un rebouteux de Malansac (56) ne ferait pas de mal à une mouche.

C’est le romancier rennais Charles Géniaux qui en parle le mieux dans son livre La Vieille France qui s'en va (1903) : il l’a rencontrée !

Naïa par C. Géniaux | ©Musée de Bretagne / CC0

Il explique : elle avait le don d’ubiquité, selon certains, et on venait la consulter pour se faire « tirer la bonne aventure ».

Il la décrit :

« Elle me parut une femme robuste de 60 et quelques années : mais ses traits, son front ridé, pouvaient être d'une centenaire, cependant que ses mains charnues et solides démentaient la vieillesse précoce du haut de son visage.

« Mais les yeux me resteront comme la caractéristique de cette curieuse jeteuse de sorts : ils sont blancs, gros, hagards.

« J'ai écrit blancs, je devrais dire laiteux, brouillés.

« J'en aurais conclu à la cécité de Naïa ; mais, par un phénomène inexplicable, ce brouillard qui masque ses pupilles ne l'empêche pas d'apercevoir fort loin les moindres détails d'une scène, ainsi qu'elle me le prouva.

« Ses cheveux encore noirs débordaient sur les épaules. »

La Vieille France qui s'en va, Charles Géniaux (1903)

Naia est « instruite et intelligente », « cette sorcière de campagne lisait les journaux » !

Les voix mystérieuses qui sortent de nulle part ? Elle est ventriloque.

Son invulnérabilité au feu ? Elle se recouvre la peau d’un corps isolant.

Futée, Naia, « l’une des dernières sorcières qui existe au pays breton » !

Elle finit sa vie dans les années 20. Et depuis 2015, le château de Rochefort-en-Terre abrite le musée Naïa... le musée des arts de l’imaginaire fantastique !

Source

• Charles Géniaux. La vieille France qui s'en va. 1903.