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Chez le troubadour Arnault de Mareuil

Quand : 1170 - 1200

Le château | GO69 / CC-BY-SA
Château Histoire d’amour Château de Mareuil

Gros château, fiers seigneurs

Mareuil en Dordogne faisait partie des 4 baronnies du Périgord avec les châteaux de Biron, Beynac et Bourdeille.

Gros château puissant, donc !

Tiens, des têtes connues ont défilé, ici : on a Raymond de Périgueux, l’évêque devenu archevêque de Bordeaux, qui consacre l’église de l’abbaye de Cadouin.

Mais surtout le troubadour Arnault de Mareuil, au 12e siècle.

Arnault de Mareuil, troubadour

Le clerc musicien

Je vous présente Arnault de Mareuil, un simple clerc né au château de parents très modestes.

Modestes, mais avec du plomb dans la cervelle. Ils font faire de solides études à leur fils.

Intelligent, réservé, humble, Arnault commence à chanter.

Et bientôt, de château en château, accompagné de son fidèle musicien Pistoleta, ses pas le conduisent à la cour du vicomte de Béziers.

Bien sûr, il y tombe fou amoureux de la dame du seigneur, la sublime Azalais de Burlats.

Tendresse et pensées chastes

On imagine la suite, le mari furieux qui chasse le poète transi d'amour, comme d'habitude... ah, non, pas cette fois !

C’est un rival de choix, le roi d’Aragon lui-même, qui se charge de chasser l’artiste : eh, deux amoureux transis pour une seule dame, cela finit forcément mal...

Arnault reprend son baluchon et part s’installer à la cour de Guillaume de Montpellier.

Là, il ne va faire qu’écrire pour la dame de ses pensées (pour elle et elle seulement) avant de s’éteindre tout jeune encore vers 1200, pauvre, seul, la mort d’Azalais le terrassant complètement...

Ce sont ses rêveries, ses états d’âmes, sa douceur, ses pensées (chastes) et sa timidité touchante qui caractérisent ses poèmes.

Il est tendre, mais tellement passionné !

« L’Amour sait que je suis un fidèle amant. Alors, il m’apprit comment posséder vos douces faveurs. Je vous tiens dans mes bras, je vous donne des baisers et nul jaloux n’en est témoin. »

Au début, près de sa dame, il rayonne :

« Je ne prévoyais pas, en arrivant dans ces lieux, que je payerais si cher le plaisir d'avoir vu tant de beautés et tant de grâces. On a bien raison de le dire, et je l'éprouve : "Souvent qui veut se chauffer se brûle." J'aime, sans oser en faire l'aveu. Je me vois condamné à fuir celle que j'aime, de peur que mes regards ne trahissent mon secret : ma témérité lui paraitrait impardonnable. Mon cœur du moins me la représente comme un miroir, et j'ai la consolation de l'y contempler. »

Mais quand il perd sa dame, tout s’écroule :

« Je n'en suis que plus vivement occupé du bien que j'ai perdu. On a pu m'éloigner de sa présence, mais rien ne pourra rompre le nœud qui lui attache mon cœur. Ce cœur si tendre et si constant, Dieu seul le partage avec elle, et la part que Dieu en possède, il la tiendrait d'elle comme mouvante de son domaine, si Dieu pouvait être vassal et relever de fief. Lieux fortunés qu'elle habite, quand me sera-t-il permis de vous revoir ? »

On appelle ses poèmes les « saluts d’amour », des épitres en vers.

Sources

  • Édouard Mennechet. Cours complet de littérature moderne (tome 1). 1875.
  • Frédéric Diez. La poésie des troubadours. 1845.
  • J. C. Simonde de Sismondi. De la littérature du Midi de l'Europe (tome 1). 1813.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !