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Le château de Chantilly hanté ? L’histoire de l’anneau magique de Louise de Budos

Quand : 26 septembre 1598

Henri de Montmorency et Louise de Budos, collégiale St-Martin, Montmorency | Reinhardhauke / CC-BY-
Château Légende Fantôme Château de Chantilly

Louise de Budos, mariée grâce à une bague magique.

Retrouvée morte, le cou tordu, dans les vapeurs de soufre d’un petit cabinet obscur du château de Chantilly...

Légende noire pour dame blanche. Une hantise. Un anneau enchanté. Et la vérité, cachée quelque part ?

L'anneau qui fait perdre la boule aux hommes

Tout commence à la fin du 16e siècle, le jour où la belle Louise de Budos se retrouve avec sa mère, à Pézenas.

À veiller le corps de la première femme d’un certain Henri de Montmorency, qui vient de mourir dans le château de la ville. Louise était sa dame d'atours...

Louise a 18 ans, Henri 60 et... il l'épouse un mois après leur rencontre. Crac ! Coup de foudre inespéré ? Non !

Magie noire... vous voulez savoir pourquoi ?

Parce que Louise a un anneau magique. Avec le pouvoir d’envoûter le premier homme venu, et de le faire tomber fou amoureux !

Un anneau magique qu’une « pauvre femme leur demandant l’aumône » lui avait donné à Pézenas. Anneau qu’il faut qu’elle passe au doigt d’Henri...

Chouette mariage. D'un côté Louise, la plus belle femme de tout le royaume.

De l'autre Henri, de la grande famille des Montmorency, à la tête du château de Chantilly du 15e au 17e siècle.

Le fils du célèbre connétable Anne de Montmorency : vous savez ? L’ancien ami du roi François Ier, que l’on a rencontré dans son château d’Écouen...

Chantilly

Chantilly | ©SofieLayla Thal / Pixabay

Cou tordu et odeur de soufre

Mais Louise meurt à 23 ans, le 26 septembre 1598. Brutalement. Étrangement. Ça y est ! Le mystère commence à planer.

Quelques jours avant, on l’avait surprise en compagnie d’un type louche, noir de poils, très grand, dans le parc du château de Chantilly.

Le lendemain, elle s’entretient en secret avec lui dans un cabinet.

Avec interdiction de venir les déranger.

Le chroniqueur Saint-Simon dit qu’on la retrouve « morte, par terre, le col entièrement tourné, le visage du côté de l’épine du dos, sans être pourtant défiguré, et dans le cabinet une odeur de soufre très puante. »

Du soufre, ah ah... le diable !

Mais attendez, ce n'est pas fini !

Car pendant l'enterrement de Louise, Henri rencontre la tante de feue sa femme, une jeune veuve : Laurence de Dizimieu.

Henri, pourtant ravagé par la perte de sa Louise chérie, l'épouse sur le champ.

Nouveau coup de foudre ? À votre avis... oui, encore un coup de l’anneau magique !

Laurence l’avait récupéré sur le corps de sa nièce ! Mais elle le perd, ce qui fait qu'Henri la jette du jour au lendemain et divorce illico...

La dame blanche de Chantilly

Et voilà. Louise de Budos emportée dans les griffes du Diable, la légende pouvait commencer.

Son fantôme :

« apparaissait dans l’âge où elle était et avec les habits de son temps, à la fenêtre de la salle d’armes de Chantilly, peu de temps avant la mort de l’aîné de la maison de Condé (les seigneurs de Chantilly du 17e au 19e siècle, ndlr). »

Une dame blanche à Chantilly. Qui annonce des morts, des drames.

Est-elle aussi apparue, avant l’exécution de son fils Henri dans la cour du Capitole de Toulouse ?

Alors oui, je sais ce que vous allez dire. « Ce n’est pas rationnel du tout, cette histoire de diable et d'anneau ! On ne croit pas aux fantômes, nous ! »

Bon. Effectivement, Louise meurt brutalement, jeune. Forcément, c’est louche, même si on la savait de constitution fragile.

Et qui dit louche ou inexpliqué, dit souvent surnaturel.

  • Mais seul Saint-Simon évoque cette légende, à propos de l’anneau et de la dame blanche. Personne d’autre ;
  • avec pour témoignage l’écuyer d’un prince de Condé sous le règne de Louis XIV, Vervillon, qui a vu une silhouette de femme habillée à l’ancienne ;
  • un autre en parle (le marquis de Sourches) : il dit que ce Vervillon a vu « un mort enseveli », à l'une des fenêtres du château. Un mort, pas une dame. Encore moins Louise de Budos...

De vous à moi, franchement : et si c’était la Dizimieu qui avait fait empoisonner sa nièce, pour récupérer un mari ?

Sources

  • Yves Coirault. Article « Puis une dame, à sa haute fenêtre... » : La connétable de Montmorency et le rêve de Nerval. Revue belge de Philologie et d'Histoire. 1975.
  • Patrice Boussel. Guide de l'Ile-de-France mystérieuse. Éditions Tchou, 1969.
  • Juliette Benzoni. Le roman des châteaux de France. Perrin, 2012.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !