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La place Pie et son parpaillot déchaîné

Quand : 1562

La place | Véronique PAGNIER / Public domain
Rue Quartier Guerres de Religion Trahison Révolte Place Pie

L'histoire de l'aménagement de la place Pie reste intimement liée au destin de Jean-Perrinet Parpaille, au 16e siècle.

Un gus étrange, ce Parpaille, qui finira sa vie sur l'échafaud !

Vilain parpaillot !

L'origine d'un vilain mot ?

Originaire du Piémont, Parpalio est tout ce qu'il y a de plus convenable, élu primicier de l'université d'Avignon et conseiller du pape.

Fervent catholique, il se bat contre les protestants.

Mais bizarrement, soudainement, il se convertit au protestantisme, en 1562 ! Parpaille...

Aurait-il donné le mot « parpaillot », vilain surnom des protestants, à l'époque ? Peut-être bien que oui.

Révoooolte !

Il est révolté, Parpaille ! Il veut livrer sa ville aux mains des ennemis !

Il avoue publiquement son penchant pour la religion réformée et se démet de ses fonctions, pour devenir chef des protestants d'Orange.

Il rêve d'attaquer sa ville natale d'Avignon : pour cela, il tente d'assiéger Châteauneuf-du-Pape pour en faire son bastion, d'où il pourra donner l'assaut.

En vain ! Dépité, il se rabat sur Saint-Laurent-des-Arbres puis Barjol, qu'il ravage.

Parpaille propose alors à ses hommes de revendre à Lyon tous les biens précieux qu'il a volés dans les églises, pour les transformer en écus.

Une tête sanglante exposée

Mais à son retour de Lyon en mai 1562, il se fait bêtement arrêter à Bourg-Saint-Andéol (pas très discret, il s'est habillé en soldat).

On l'enferme au château de Mondragon (Vaucluse) jusqu'à ce que l'on se décide sur son sort.

On le transfère en prison à Avignon, en septembre 1562.

Il se retrouve exposé dans une cage suspendue sur l'actuelle place Pie, pour que tout le monde voit bien l'affreux parpaillot.

Les juges l'interrogent, Parpaille ne nie rien.

Et le voilà condamné à mort pour trahison ! Parpaille a la tête coupée le 9 septembre, au petit matin.

On laisse son cadavre exposé toute la journée sur l’échafaud.

Puis on transporte le corps le soir au cimetière des Pénitents gris... sauf la tête !

Elle se retrouve exposée devant le palais des Papes, avec une pancarte le traitant d'hérétique et de traître.

César de Nostradamus, dans son Histoire de Provence, dit d'ailleurs de Parpaille qu'il :

« avait sacrilègement saisi et pillé tous les reliquaires d'Orange qu'il avait transportés à Lyon et convertis en monnaie pour soudoyer ses satellites et faire la guerre à Dieu. »

La place Pie

La maison de Parpaille, pendant ce temps, se fait détruire par la foule en délire.

Dessus, on aménage la place Pie IV, du nom du pape de l'époque !

La place se fait bénir à grands coups de tirs de canons, le 30 janvier 1563, par le vice-légat, l'évêque de Formo.

On devait y construire un marché. Les travaux avaient même commencé : si, si !

Dans un des piliers prévus pour ce marché, on a scellé des médailles à l'effigie du pape.

Mais le marché ne sera construit qu'en 1762 sur les plans de l'architecte Franck.

En 1790, Révolution oblige, la place s'appelle place d'Armes et ne retrouve son nom qu'en 1843...

Source

  • Marc de Vissac. Article Jean-Perrinet Parpaille. Mémoires de l'Académie de Vaucluse. 1909.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !