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La mystérieuse Vénus de Quinipily

La Vénus | Erwan Corre / CC-BY-SA
Statue Mystère Vénus de Quinipily

La Vénus

Une Vénus bretonne ! Une petite curiosité à voir, en plein Morbihan... C'est parti : la voyez-vous, sur sa grande fontaine ?

La Vénus est une statue de granit haute d'un peu plus de 2 m.

Elle représente une femme nue, bien en chair, qui croise les mains sur son ventre.

Une sorte d'étole passant par son cou lui tombe sur le corps. Deux bandelettes serrent ses cheveux par derrière.

On ne sait pas ce qu'elle représente : une déesse de la fécondité peut-être ? Isis elle-même ?

Mais est-elle romaine (à cause des inscriptions), égyptienne (les bandelettes) ou celte, mystère...

Toute une histoire !

Il y a déjà longtemps que les Bretons viennent adorer la Vénus, alors qu'elle se trouve encore en haut de la colline de Castennec, non loin de là (et sur laquelle s'élevait un temple romain, probablement).

On lui a donné le nom de Groa hoart, « vieille gardienne » en breton.

Les femmes venaient se frotter le ventre pour espérer avoir des enfants dans l'année, les autres, malades ou rhumatisants, se plongeaient habillés, dans la grande cuve placée à ses pieds.

On a le droit à des scènes démentes, où les gens se roulent par terre, faisant même toucher leurs parties intimes par la statue !

Du coup, au 17e siècle, l’Église ne peut plus tolérer cette pratique d'un autre âge.

Elle charge le comte de Lannion, gouverneur d'Auray, de détruire la statue !

Aux grands maux, les grands remèdes, vous connaissez l'histoire...

Ni une ni deux, le comte la fait jeter dans le Blavet !

Mais des inondations suivent, et les habitants du coin, pensant qu'on les devait à la colère de la déesse, viennent la repêcher...

À chaque fois on la jette dans l'eau, à chaque fois les gens la récupèrent.

Le petit manège dure un temps...

Et nous voilà au tout début du 18e siècle : à cette époque, la statue trouve la place qu'elle occupe toujours, dans le parc du château de Baud.

Mais comment est-ce arrivé ?

Le comte Pierre de Lannion, le fils du précédent comte, est un grand amateur d'art ancien.

Il décide de récupérer la Vénus et de lui offrir une place de choix sur son domaine.

Non sans que le duc de Rohan ne lui fasse un procès, disant que la statue était sur sa propriété à lui !

Le comte gardera finalement la Vénus...

On dit qu'il inscrit des phrases latines dessus et la fait re-sculpter entièrement, pour effacer les traces de ses chutes dans le Blavet, et surtout pour lui enlever ses formes indécentes...

Mais voilà, en rabotant sa poitrine, notamment, il lui a apparemment enlevé tout son caractère antique...

Inscriptions énigmatiques

Les inscriptions latines sur la fontaine de la Vénus auraient été gravées par le comte lui-même au 18e siècle, nous dit Flaubert dans Par les Champs et par les grèves ou même Mérimée dans ses Notes de voyage en 1836.

Il la traite de vulgaire et grossière idole et dit que les inscriptions sont prétentieuses, et trop exactes pour être vraies !

En plus, à cette époque, on aime particulièrement créer de « faux antiques. »

Mais que disent-elles, ces inscriptions ?

Elles dédient la statue à Jules César. Mais ce n'est pas tout ! Le bandeau sur le front de la Vénus porte les chiffres III ou les lettres LIT, IIT ou TIT.

Malheureusement ces quelques lettres peuvent évoquer tout et n'importe quoi ! On n'est pas plus avancé et la Vénus garde tout son mystère...

Source

  • Gwenc'hlan Le Scouëzec. Guide de la Bretagne mystérieuse. Éditions Tchou, 1966.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !