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La Bastille des mers ou les terribles prisons du Mont-Saint-Michel

Quand : 1817 - 1863

Le cachot du Diable, Mont-Saint-Michel | Cristian Bortes / CC-BY
Abbaye Emprisonnement Abbaye du Mont Saint-Michel

Bastille des mers et crapaud dans un reliquaire

Depuis 966, l’abbaye du Mont-Saint-Michel appartenait aux moines bénédictins.

Des moines chassés à la Révolution française, alors que le mont se fait rebaptiser « Mont-Libre. » Libre, si l'on veut... Il devient une prison...

La terrible « Bastille des mers » !

Prison pour prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé, majoritairement : ils sont 300, en 1793.

Les anciens logis abbatiaux comptent alors 40 cachots, surnommés Grand et Petit Exil.

En 1817, l’abbaye devient « maison de force » pour les détenus de droit commun, puis prison politique sous la Monarchie de Juillet pour Amand Barbès et Auguste Blanqui.

Sans oublier Mathurin Bruneau le faux Louis XVII et le patriarche arménien Avedick, Masque de Fer supposé...

La prison ferme en 1863, après la colère, entre autres, de Victor Hugo :

« Figure-toi une prison, ce je ne sais quoi de difforme et de fétide qu’on appelle une prison, installée dans cette magnifique enveloppe du prêtre et du chevalier au 14e siècle. Un crapaud dans un reliquaire. Quand donc comprendra-t-on en France la sainteté des monuments ? »

Les terribles conditions de vie des détenus

Une vie noire avec la mort comme échappatoire

Le livre Le monde criminel : histoire des prisons d’État (B. Renault, 1846) évoque les conditions de vie des prisonniers au Mont-Saint-Michel.

  • Nourriture pauvre et insuffisante : une livre et demie de pain par jour, une soupe claire matin et soir à base de patates, fèves et pain de froment.
  • De l’eau de pluie ou de la neige fondue collectées dans des citernes à l’odeur ignoble, qui vous rendent malade comme un chien…
  • Chaque détenu a « un lit à galiote » avec un matelas de laine et une mince couverture de coton. Alors, avec l’humidité été comme hiver et le manque de chauffage...
  • Mais si il n'y avait que ça ! On leur donne un bain à leur arrivée, mais après, plus rien. Les maladies se développent à toute vitesse…
  • Le ramassage des ordures se fait quand on y pense, ce qui fait qu’une odeur horrible empeste tout l’air, déjà très rare.
  • Avec tout cela, hé bien... la mortalité est grande. La mort arrive surtout par maladie pulmonaire, sans parler des épidémies de choléra.

Une roue à écureuil ?

On voit encore au Mont la grande roue, la cage à écureuil du 19e siècle !

Un genre de treuil construit par l’Administration pénitentiaire.

Des prisonniers (jusqu’à 6) montent dans la roue et commencent à marcher, pour l'actionner.

Le câble s’enroule autour de l’axe, on le voit qui descend à l’extérieur.

On pouvait soulever des charges de 2 tonnes, avec ! Des charges ? Le plus souvent, des provisions pour les prisonniers.

Le cachot du Diable

C’est surtout dans le « cachot du Diable » que l’on enferme les prisonniers récalcitrants : une petite salle du 13e siècle avec voûtes à croisée d’ogives.

Les anciens logis abbatiaux, eux, comptent 40 cachots, surnommés le Grand et le Petit Exil. Plein d’espoir…

Sans oublier la tour Perrine, du nom de l’abbé Pierre Le Roy (14e siècle).

C’est là que l’on enferme le patriarche arménien Avedick et le faux Louis XVII.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !