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La barbe rousse d'Hugues de Lusignan : une légende de Crozant

Quand : 1190

Le château | Dickeybird / CC-BY-SA
Château Croisades Légende Château de Crozant

Cette étrange légende fait référence aux premiers seigneurs de Crozant, les puissants sires de Lusignan.

Les croisades du Lion

Les croisades. La guerre, le sang. Mais pas que...

La promesse d'une terre lointaine et mystérieuse, avec ses frais caravansérails luxuriants couleur émeraude et indigo, posés comme des mirages, au milieu des déserts brûlants.

La légende dit qu’au temps de ces croisades (on est en 1190), Hugues IX de Lusignan, seigneur de Crozant, se fait enrôler parmi les hommes de Richard Cœur de Lion, duc d’Aquitaine à l’époque.

Vrai géant taillé comme une armoire à glace, on le voyait de loin, Hugues, avec son nez en bec d’aigle et sa barbe couleur pain d’épices !

Cette barbe précisément, qui faisait complètement craquer ces dames...

Pas lui !

Hugues est costaud, mais c'est surtout une sacrée tête brûlée.

Non mais, regardez-le : un jour, en pleine bataille, il fonce tête baissée, oublie toutes précautions.

L’ennemi coupe les jambes de son cheval et le fait prisonnier.

À cette nouvelle, Richard Cœur de Lion tempête. Il fait savoir sa fureur à Saladin, le sultan contre qui les croisés se battent.

N'importe qui, mais pas Hugues de Lusignan ! Qu'on le libère !

La barbe ou la mort !

Le sultan s'en va toucher deux mots à Hugues, dans son cachot.

« Richard te cherche », lui lance-t-il.

Avant de continuer : au nom de leur amitié, et parce qu’il considère Hugues comme un valeureux guerrier, Saladin lui rend sa liberté.

En lui demandant toutefois une étrange requête, en échange : qu'Hugues lui donne sa barbe et sa moustache.

Hugues, stupéfait, mais trop content de retrouver sa liberté, accepte de verser cette rançon poilue. Bah, ça repoussera... Il ne se méfie pas plus que ça.

Il aurait dû !

Le fauve dans son antre

Mais bientôt, Hugues se fait de plus en plus discret.

Au combat, un casque masque son visage et le reste du temps, il se terre dans la pénombre de sa tente.

Rentré à Crozant, Hugues s’enferme dans une des tours du château. Avec pour ordre de ne jamais l’approcher.

Les ragots vont bon train : le seigneur de Lusignan aurait-il été défiguré par la lèpre, là-bas ? Un coup de sabre l'aurait-il horriblement mutilé ?

Vers l'Orient

Un matin, un des guetteurs aperçoit Hugues debout, perché en haut de sa tour. Le lendemain et le surlendemain, il n’avait pas bougé de place.

Étrange... On décide de monter.

La sentinelle le trouve mort, l’épée à la main, tourné vers l’Orient.

Mais c'est le bas de son visage, qui choque le plus.

Un menton... imberbe ! La peau rongée par le mélange d’herbes concocté par Saladin, ce suc dont on l'avait enduit, pour le raser.

Pour que jamais ne repousse la barbe qui lui donnait toute sa puissance et son allure...

Source

  • M. Nadaud. Article Les Fantômes de Crozant. Notre Province (12-1943).

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !