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L'affaire Gauffridy : le Diable hante Notre-Dame-des-Accoules

Quand : 1595 - 1611

Le clocher | Charliemoon / CC-BY-SA
Sorcellerie Église paroissiale Église Notre-Dame-des-Accoules

La vénérable Accoas

De l'ancienne église détruite à la Révolution, Notre-Dame de las Accoas, il ne reste que le clocher, très ancien morceau de pierre qui remonte au moins au 11e siècle !

Mais parler des Accoules sans parler de son curé, le sieur Gaufridy, c'est passer à côté d'un fait-divers assez étrange.

L'affaire Gaufridy, histoire de sorcellerie qui s'est mal terminée...

Un curé diabolique

Tout commence à la fin du 16e siècle : Louis Gaufridy naît en 1580.

C'est le fils d'un berger élevé par son oncle Christophe Gaufridy, curé de Pourrières. Louis baigne très tôt dans la religion.

Il devient très vite curé de la paroisse des Accoules.

C'est un homme respecté, qui aime la vie, la bonne chère... et les femmes.

Qui le lui rendent bien, d'ailleurs ! Pour cause : écoutez un peu ceci...

On dit qu'un jour, il tombe chez son oncle sur un petit livre très étrange, qu'il lit. À peine achevé, le Diable apparaît. Gaufridy l'a invoqué, il peut donc lui demander tout ce qu'il veut...

Ce qu'il veut ? Toutes les plus jolies femmes rien que pour lui !

Il signe le pacte du Diable avec son sang, et hop...

Dès qu'il soufflera sur une femme, elle tombera folle amoureuse de lui ! Ça, c'est la légende qui le dit...

La belle Madeleine

Un curé tout énamouré

À la même époque, Louis devient le précepteur et le confesseur de la fille du seigneur Demandolx de La Palud, Madeleine.

Entrée au couvent d'Aix à l'âge de 10 ans, elle a des comportements étranges, en public...

Mais bon, rien de bien alarmant... jusqu'à ce qu'elle devienne agitée, sujette à des crises d'épilepsie de plus en plus fréquentes.

Là, les parents la rapatrient chez eux, afin qu'elle se repose un peu. Gaufridy, en confesseur attentionné, vient la voir tous les jours.

Et voilà que s'installe peu à peu un amour passionné, entre la jeune fille et celui que l'on dit le plus bel homme de Marseille !

Madeleine se remet bien : elle peut réintégrer le couvent des Ursulines.

Sang et sabbat

Mais là, catastrophe ! Elle a des visions, elle s'agite, elle a peur d'être enlevée par le Diable.

Elle murmure le nom de Gaufridy dans ses délires, ce démon qui la tourmente encore et encore, en lui envoyant des diables pendant son sommeil !

À défaut de la torturer à distance, Louis lui envoie des lettres enflammées. Et multiplie les maîtresses !

Mais Madeleine va plus loin, elle accuse Gaufridy de possession : la voilà qui raconte comment Gaufridy l'a ensorcelée, comme beaucoup d'autres femmes !

Elle explique qu'il lui a fait signer 8 pactes avec le Diable, avec le sang de son petit doigt, prélevé de force ; qu'il l'emmène en sabbat dans toute la Provence...

Voilà autre chose !

Aussitôt prévenu, le parlement d'Aix et le frère dominicain Michaelis se chargent de l'affaire.

Celui-ci, inquisiteur à Avignon, tente d'exorciser Madeleine.

Une affaire de sorcellerie

Les os en cendres

Pendant ce temps, on arrête Louis. Il semble stupéfait, surpris des accusations de la jeune femme !

Mais en l'examinant, on découvre des traces suspectes sur la peau du curé... les marques du Diable !

Au moment du procès, Madeleine accuse Gaufridy, puis se rétracte.

Ce dernier nie d'abord tout en bloc, mais les accusations étant trop importantes, il cède.

Le curé des Accoules est condamné le 30 avril 1611, pour crime de sorcellerie, à « être brûlé vif sur un bûcher, jusqu'à ce que son corps et ses os soient consumés et réduits en cendres et celles-ci après jetées au vent... »

On le mène devant la porte de l'église Saint-Sauveur d'Aix, tête et pieds nus, pour demander pardon à Dieu.

On le conduit ensuite sur la place des Prêcheurs pour y être brûlé...

Folle et obscure

Madeleine Demandolx, elle, se voit acquittée après la mort de Gaufridy : elle se dit libérée de ses démons !

Mais elle reste aux yeux des gens une sorcière, et surtout une femme vraiment très étrange, un peu folle peut-être...

Elle part de Marseille pour fonder un couvent, dans un endroit appelé Font-Obscure (cela ne s'invente pas).

Source

  • Jean-Paul Clébert. Guide de la Provence mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !