Du Dauphin à un jeune Breton
Construite entre 1782 et 1784, la porte célèbre la naissance du Dauphin en 1781, le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette !
Voilà pourquoi on lui donne d'abord le nom de porte Saint-Louis.
Durant la Révolution, on la rebaptise porte Stainville, rapport au maréchal de Choiseul-Stainville qui commande alors la Lorraine.
Mais le nom de Désilles, d'où vient-il alors ? Aah, mais j'y viens !
L'arc devient porte Désilles après bien des demandes, en 1868, pour célébrer la mémoire d'Antoine-Joseph-Marc Désilles, un jeune Breton mort courageusement devant la porte.
Un épisode tragique de la Révolution...
Ne tirez pas !
Né à Saint-Malo en 1767, Désilles entre jeune dans la carrière des armes.
Il devient lieutenant dans le régiment de l'infanterie du roi, au moment où son corps et celui de Châteauvieux, en garnison à Nancy, se révoltent contre l'Assemblée nationale.
On envoie le marquis de Bouillé pour calmer le jeu, avec une armée de 1 200 hommes.
La garnison, elle, attend, soutenue par le peuple de Nancy.
C'est une lutte fratricide qui s'annonce ! Désilles veut empêcher cela à tout prix.
Alors que sa compagnie veut faire feu, il se jette devant les canons.
Et hurle : « Ne tirez pas ! En face, ce sont vos frères... » Rien à faire. Ambiance électrique, survoltée !
Personne ne l'écoute.
Fou de douleur, il tente le tout pour le tout, empêcher un soldat des troupes royales de tirer au canon sur la garnison !
Hommage au courage
Désilles reçoit comme seule réponse plusieurs coups de baïonnette... coups mortels...
Nous sommes le 31 août 1790...
Terriblement blessé, Désilles meurt le 23 octobre 1790.
On l'enterre dans la cathédrale de Nancy...
On voit la représentation de cette scène au musée des Beaux-Arts de Nancy, peinte par Le Barbier pour rendre hommage au courage du Breton.
Son acte de bravoure a fait du bruit, dans tout le pays !
Le musicien Gossec lui dédie même une marche. Desfontaines écrit une pièce en un acte appelée Le tombeau de Désilles, jouée pour la première fois à Paris en décembre 1790.
On écrit aussi cette phrase passée à la postérité :
« Ce généreux Français, par un sublime effort, Pour servir sa patrie a su vaincre la mort. »
Source
- Christian Pfister. Histoire de Nancy. 1909.