Le crâne supposé
Le trésor de la cathédrale d’Amiens cache... le crâne de saint Jean-Baptiste.
La « face », comme on dit !
Crâne supposé, parce qu'on n'a jamais eu la preuve formelle qu'il lui appartenait.
C’est le chanoine de Picquigny Walon de Sarton qui ramène cette relique de croisade, en 1206.
Pour ensuite la donner à la cathédrale picarde.
Le reliquaire actuel date de la fin du 19e siècle : seul le globe en cristal est d’époque (13e siècle)...
Le supplice de Jean-Baptiste
Hé, mais minute : qui est Jean-Baptiste ?
Dans le christianisme, il s’agit du prophète qui a annoncé la venue de Jésus et l’a baptisé sur les bords du Jourdain. Jusqu’à sa mort tragique.
Son exécution par le vilain Hérode Antipas, le pseudo roi de Galilée.
Pourquoi ? Parce que le saint, pas délicat pour deux sous, lui a fait des remarques sur sa vie dissolue.
Arrêté et mis au trou, on lui fait subir la « décollation »... la décapitation.
Ses disciples enterrent ses restes, jusqu’à ce que les païens entrent en scène et saccagent les os.
Heureusement, des fidèles prennent la tête de Jean-Baptiste pour la mettre en lieu sûr... dans l’ancien palais d’Hérode.
Pèlerinage et épilepsie
La relique déménage à Constantinople à la fin du 4e siècle. C’est là que Walon le Picard la trouve.
Mais comment Walon sait, qu'il s'agit de la tête de Jean-Baptiste ?
Rapport à une inscription qui orne le grand plat d’argent dans laquelle la relique repose.
Un plat que Walon se dépêche de vendre pour payer son billet retour en France...
Et voilà la relique à Amiens. Un grand pèlerinage se met en place.
Il a servi de prétexte à Charles VI pour faire venir Isabeau de Bavière, qu’il épouse dans la cathédrale picarde le 17 juillet 1385, vous vous souvenez ?
Bref ! Le pèlerinage a surtout attiré des gens atteints du mal de Saint-Jean, l'épilepsie.
Dissertation sur le chef de Jean-Baptiste (Du Cange) dit :
« Vous les voyez rouler contre terre et se débattre publiquement à l’évangile de la messe que l’on dit en l’honneur du Saint, et encore plus à la montre qui se fait de cette sacrée et vénérable relique. La messe achevée, ils hurlent et s’efforcent de prononcer le nom de St Jean-Baptiste, qu’ils ont peine de former, et ordinairement s’en retournent guéris visiblement et miraculeusement à la prononciation qu’ils font par 3 fois de ces mots sacrés : Saint Jean-Baptiste. »
Sources
- Charles Salmon. Histoire du chef de Saint Jean Baptiste conservé à Amiens depuis 1206. 1876.
- Jules Corblet. Hagiographie du diocèse d'Amiens (tome 4). 1874.