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À la découverte de l'Aven Armand

Quand : septembre 1897

Concrétions | Petr1888 / CC-BY-SA
Cavité naturelle Exploration Edouard-Alfred Martel Aven Armand

Le gouffre d'Armand

Le serrurier en goguette

La grotte porte le nom de son « découvreur », Louis Armand.

Un serrurier originaire de Rozier qui la découvre par hasard le 18 septembre 1897, lors d'une promenade sur le causse Méjean.

Déjà les gens du coin appellent ce trou « l'aven » : un terme qui désigne dans la région un gouffre creusé par les infiltrations d'eaux dans le calcaire.

Mais personne n'y a encore jamais mis les pieds !

Armand jette une pierre dedans pour en mesurer la profondeur. Oh là, un vrai abîme !

C'est peu de le dire : l'aven est un gouffre vertical, très étroit, de plus de 195 m de profondeur ! Armand revient le lendemain avec du matériel et des hommes.

Ils mesurent la première fois à 70 m de profondeur, puis Armand va jusqu’en bas.

Ah, ce qu'il est content ! Les gens à la surface entendent ses réactions par le téléphone : « Plus beau que Dargilan ! Une vraie forêt de pierres ! » s'exclame-t-il.

Pas un mot, hein ?

Tout de suite après son incroyable découverte, Armand est allé voir son ami le grand Édouard-Alfred Martel, célèbre explorateur de cavernes.

Il lui aurait dit :

« Écoutez-moi et n'en dites pas un mot à personne... je crois que j'ai découvert une seconde grotte de Dargilan ! Et encore celle-là est encore plus belle ! »

Martel, grand spéléologue qui a bien des grottes à son actif, a découvert dans la région Dargilan et Bramabiau.

Mais là... voilà un nouvel endroit à explorer ! Curieux, Martel descend deux jours plus tard, le 20 septembre.

Émerveillé, il décide de donner le nom d'Armand à la grotte et d'aider celui-ci pour qu'il en devienne le propriétaire.

La grotte se fait aménager dès 1926 et un an plus tard, elle est prête à accueillir ses premiers visiteurs.

Une plaque à l'entrée de la grotte rappelle « Martel, Armand, Viré, bienfaiteurs des Causses. Inventeurs du plus bel aven du monde. »

Rien que ça !

La visite de l'aven

Cathédrale et forêt vierge

Nous voilà partis à 100 m sous terre pour un périple de 450 m de long ! Il fait 10°C environ ici. Même en été, prévoir une petite laine !

On emprunte un long tunnel pour arriver là où sont descendus les premiers explorateurs.

Au bout du tunnel, une sorte de belvédère avec une superbe vue nous attend : la salle en dessous plonge à près de 50 m de profondeur...

La salle principale s’appelle la « forêt vierge. »

On dit que dans cette vaste salle, on pourrait facilement mettre la cathédrale Notre-Dame de Paris en entier !

Et pourquoi ce nom de « forêt vierge » ?

Car les 400 stalagmites uniques au monde qui la composent, s'épanouissent en une sorte de forêt pétrifiée, avec des arbres de pierre dont certains atteignent près de 25 m de haut.

On dirait des troncs de palmiers, non ?

La plus grande !

Ne pas oublier non plus les draperies, la concrétion dite du « calvaire breton » et la Grande stalagmite : à l'époque, on n'en a jamais vu une aussi grande !

La plus haute connue jusqu'à alors se trouvait dans la caverne hongroise d'Aggtelek.

Armand Viré raconte dans La science française, 1898 :

« Figurez-vous tout à coup transportés au milieu de centaines et de centaines de colonnes élancées, dentelées, brillant de mille cristaux. Sous vos pieds, le sol est congelé en cascades cristallines. Près de nous, sur nos têtes, à des hauteurs qu'on ne peut apprécier, filent en l'air les fûts monstrueux de palmiers antédiluviens. Leurs feuillages cristallisés s'étalent tout le long du fût, si gracieux, qu'on craint qu'un souffle de vent ne les emporte... Au loin de grandes ombres noires font ressortir l'éclatante blancheur du reste. Ici des arbres de 5 m de diamètre vont rejoindre la voûte. Là, de grêles colonnes de quelques centimètres de diamètre s'élèvent à 10 m et plus. »

Hé oui... Pendant des milliers d'années, l'eau a suinté : les petites gouttes d'eau tombant de la voûte se sont accumulées sur le sol, en formant des dépôts de calcite.

À raison d'un centimètre par siècle, des stalagmites ont fini par prendre forme !

Combien de temps a-t-il fallu à ces gigantesques concrétions pour atteindre une telle taille, ça, je vous laisse faire le calcul...

Vertigineux !

Sources

  • Guide Vert Lot Aveyron Vallée du Tarn. Éditions Michelin.
  • L'Aven Armand. Causses et Cévennes, revue du Club cévenol (tome 11). 1967.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !