5 anecdotes sur le passage Jouffroy !

De 1845 à 1882

La verrièreLa verrière | ©Christophe PINARD / CC-BY-SA

1 - Une grande première à Paris

Le passage Jouffroy, construit en 1845, est le premier de la capitale à utiliser le fer et le verre, élégamment combinés avec des éléments en bois de chêne. Et le premier à être chauffé par le sol... Du grand luxe !

2 - Le passage Jouffroy a abrité le célèbre Bazar européen

Comme dans les autres galeries parisiennes, on retrouve au passage Jouffroy gantiers, lingères, cafés avec billards, marchands de coquillages, de parapluies... et le célèbre Bazar européen.


Ce « magasin de nouveautés » attire les foules... peut-être aussi grâce à son chauffage :

« Le Bazar est chauffé par le sous-sol, raison pour laquelle, aux endroits où le sol est interrompu par des rosettes de fer ressemblant à des grilles, on trouve toujours une grappe de gens qui barre le passage et qu’il est impossible de déloger, car ils réchauffent leur membre gelé au souffle de la chaleur. »

3 - L'histoire du lingot d’or

Le rêve californien

Saviez-vous que le passage Jouffroy expose un lingot d’or, en 1851 ? D’une valeur de 400 000 francs, c’est le grand prix d’une loterie. Il attire un de ces peuples, dans le passage... je ne vous raconte pas !


C’est la célèbre « loterie des lingots d’or », organisée par la « Société des lingots d’or. » Société qui devait envoyer 5000 ouvriers sans travail en Californie... avec l’argent récupéré grâce à la loterie.


On envoie bien 3000 personnes aux États-Unis, oui, mais la loterie est une immense escroquerie : le lingot ne pouvait pas être gagné !

Le fast-food avant l'heure !

Le fameux lingot donne son nom à un restaurant du passage Jouffroy, le Lingot d’or. Celui-ci importe un concept tout nouveau, venu des États-Unis : des « restaurants à prix fixe », avec un menu unique qui change tous les jours, affiché sur une ardoise à l’extérieur.


On appelle cela un « buffet. » On mange debout et on choisit son plat parmi des mets posés sur des comptoirs. Le précurseur du fast-food !

4 - Le musée Grévin se trouve passage Jouffroy

Le musée Grévin se trouve au cœur du passage, et il date de 1882 ! Arthur Meyer, le directeur du journal Le Gaulois, décide de s’associer avec Alfred Grévin, le célèbre caricaturiste, pour créer une galerie de personnages de cires, à Paris. Comme le musée de Mme Tussaud à Londres, qui fait alors un tabac...


Le premier musée de cires au monde avait pourtant été fondé à Paris, à la fin du 18e siècle, par le Suisse Curtius : il s'appelait la Caverne des Grands Voleurs. La nièce de Curtius, Marie Gresholtz, épouse un certain François Tussaud en 1795... et émigre à Londres, où elle crée son musée !


Le succès du Grévin est immédiat : il présente alors scènes d’actualités et scènes historiques. L'entrée principale se trouve boulevard Montmartre, mais on en a aussi une dans le passage, avec sa célèbre vitrine.

5 - Le passage Jouffroy a remplacé l'hôtel du prince Torticolis

Fin du 18e siècle. Avant le passage actuel, au n°10 du boulevard Montmartre, on trouve le jardin potager de l’hôtel Crozat, avec parc en terrasse de l’autre côté du boulevard.


Un hôtel qui, après avoir abrité l'ambassade de Turquie, accueille le prince russe Tuffakine, en 1820, « original et richissime, au torticolis célèbre » :

« À cause d’une infirmité, Tuffakine portait la tête excessivement penchée sur l’épaule droite. Son secrétaire, à force de tendre le cou pour converser avec le prince, contracta le même tic, mais dans l’autre sens. Lorsque tous deux marchaient à pied, et que le bras droit du secrétaire soutenait le bras gauche du prince, il leur était impossible de causer. S’ils changeaient de côté, les deux têtes se cognaient, et les passants d’en rire. »

Sources

  • Patrice de Moncan. Guide des passages de Paris. Éditions Le Mécène, 2011.
  • Charles Lefeuve. Les anciennes maisons de Paris. 1863.
  • François Caradec. Guide Paris mystérieux. Éditions Tchou, 2011.
  • Albert Krebs. La Société des lingots d'or, un épisode de la ruée vers l'or des Français en Californie. In Revue des Deux Mondes. Juillet 1967.