Renan, Breton de Tréguier
La Bretagne, une mère, une sœur
Renan, le philosophe, l'écrivain, l'historien. Le Breton aussi.
Il naît à Tréguier dans cette maison, aujourd'hui transformée en musée, le 27 février 1823.
Son père meurt quand le petit Ernest est petit.
Il grandit entre sa mère pieuse, peu instruite et sa sœur Henriette, très intelligente, l'âme sœur de Renan, sa confidente.
Il va quitter sa Bretagne natale pour la capitale, en 1845, pour presque 40 longues années.
Lui qui se destinait à la prêtrise à Tréguier va faire une autre carrière !
Apprendre, comprendre, écrire, voilà ce qu'il veut. Appliquer la religion ? Non ! Lui, ce qu'il veut, c'est la décortiquer, l'étudier comme une science !
Sa mère, sa sœur aînée qu'il adore, il va leur dire au revoir.
Le déclic à Paris
Il intègre à Paris le petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le déclic !
On y étudie beaucoup la littérature, peu les autres matières, encore moins la religion.
Très bon élève, il part étudier à Saint-Sulpice. Là, il étudie tout particulièrement la Bible, puis l'hébreu.
Renan peut faire toutes les recherches qu'il veut sur les religions, les philosophies orientales et asiatiques.
Et à 39 ans, enfin... on lui propose la chaire d'hébreu au Collège de France. La consécration ? Peut-être...
La publication de sa Vie de Jésus (1863) fait l'effet d'un pavé dans la mare.
Un vrai scandale ! « Jésus, cet homme incomparable », ose-t-il dire. Ah, le mécréant ! s'étouffent les bien-pensants.
La haine !
On le déteste, on le hait, mais en même temps, cette haine assure sa célébrité !
Bien sûr, Renan n'oubliera jamais le pays qui l'a vu naître : il écrit sur sa Bretagne avec Souvenirs d'enfance (183), L'âme bretonne (1854) et La poésie des races celtiques.
Sur sa mort, Renan disait :
« Ah, si elle pouvait être au milieu du cloître (de la cathédrale de Tréguier, ndlr) ! Mais le cloître c'est encore l’Église, et l’Église, bien à tort, ne veut pas de moi. »
Et même mort, Renan continue de gêner !
Les bien-pensants ne le lâcheront pas : connaissez-vous l'histoire du calvaire de protestation ?
La maison natale
Renan vit dans la maison familiale jusqu'à ses 15 ans.
À l'intérieur, on voit quelques pièces où Renan a passé son enfance : sa chambre avec son petit bureau en bois et son lit clos, la reconstitution de son bureau et de sa bibliothèque au Collège de France, plus deux petites pièces, où il aimait passer du temps, quand il était petit.
Anatole Le Braz décrit la maison dans La terre du passé :
« C'est une construction bourgeoise du 15e ou du 16e siècle, flanquée au midi d'un pavillon formant tourelle qui lui donne un peu l'air d'un manoir. Par un corridor obscur, on arrive à une pièce étroite, éclairée par une haute fenêtre et servant aujourd'hui de cuisine. C'est là, parait-il, que madame Renan avait sa chambre, là aussi qu'elle mit au monde son fils Ernest par une grise aube de février de l'an 1823. »
Le Braz continue sa visite.
Un large escalier à vis que l'on monte en s'aidant d'une corde » conduit à l'étage avec les « chambres hautes. »
De la fenêtre, on voit « la berge goémoneuse du Jaudy » et les collines et les landes au loin.
Renan disait d'ailleurs lui-même, dans Souvenirs d'enfance et de jeunesse (1883) :
« Dans les premières lueurs de mon être, j'ai senti les froides brumes de la mer, subi la bise du matin, traversé l'âpre et mélancolique insomnie du banc de quart. »
Source
- Ernest Renan. Souvenirs d'enfance et de jeunesse. 1883.