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1786 : les pommes de terre de Parmentier poussent à Neuilly !

Quand : 1786

La statue | ©Chabe01 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Statue Statue d'Antoine Parmentier

Pourquoi trouve-t-on une statue d'Antoine Parmentier (qui a démocratisé la pomme de terre en France), à Neuilly ?

Il s'est passé quelque chose en rapport avec le tubercule, en 1786, dans la plaine des Sablons... en route !

On se méfie du tubercule

Aaaah, la pomme de terre… Originaire des Andes, rapportée en Europe à la fin du 16e siècle, elle crée la curiosité chez les botanistes : ce tubercule venu du Nouveau Monde est-il une chose comestible ?

Elle sert en tous cas à soigner les bobos en tous genres, c’est déjà ça.

Après avoir un temps excité les esprits, la pomme de terre est longtemps dédaignée : on prête même au tubercule andin le fait de donner la lèpre !

Sauf que… la pomme de terre sauvera le monde ! Facile à cultiver, à conserver, à préparer, la culture de la précieuse solanum tuberosum épargne les peuples des famines. Elle nourrit le soldat, rassasie les ouvriers.

En parlant de soldat… parlons de Parmentier, notre héros du jour !

Féculent matin, midi et soir !

Antoine Augustin Parmentier, 20 ans, suit l’armée française dans le Hanovre en 1757, comme pharmacien militaire.

Il est obligé de se battre, comme tout le monde ! Il tombe cinq fois aux mains de l’ennemi : la sixième, il se retrouve prisonnier !

Pendant sa captivité, le menu ne change pas : matin, midi et soir… pommes de terre !

Contrairement à ses collègues d’infortune qui râlent contre ce régime barbare et insipide, Parmentier réfléchit beaucoup : il se dit qu’il y a quelque chose de bon, à tirer de ce légume-là…

Libéré en 1763, de retour en France, il va tout faire pour rendre ses lettres de noblesse au légume.

Parmentier

Parmentier | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

1786, des plants aux Sablons

Nous voilà en 1786. On vient de nommer Parmentier pharmacien de l’hôtel des Invalides, à Paris.

Il avait loué, dans la vaste plaine des Sablons, à Neuilly, un grand terrain pour la culture du tubercule. Un terrain réputé comme impropre à la culture, ingrat, où rien n’avait jamais poussé.

La patate, elle, ne fait pas sa princesse : elle grandit même à merveille !

Une fois les tubercules arrivés à maturité, Parmentier obtient que son champ soit gardé par des soldats, qui, après avoir fait le guet toute la journée, se retiraient à la nuit tombante.

On voit alors venir, de tous les villages alentours, des gens arracher les tubercules de la terre et repartir en douce avec leur butin.

Chaque jour, c’était de pire en pire. On ne sait comment annoncer la nouvelle à Parmentier. Plus de la moitié du champ… envolée !

Mais Parmentier est ravi. Ra-vi ! Fou de joie, même. Quelle bonne nouvelle !

Car si on les volait, ces pommes de terre, c’est qu’elles valaient quelque chose, non ? Et en plus, ces voleurs permettent la diffusion du légume dans toute l’Île-de-France.

Une autre version rapporte qu’en fait, Parmentier est au courant de tout : les gardes ont pour ordre de ne pas arrêter les voleurs ! Imaginez un peu : ils vont faire une publicité d’enfer, à la patate.

D’ailleurs, Le panthéon des hommes utiles (1862) rapporte

« qu’un gamin, vexé de n’avoir pas fait sa gerbe assez grosse, informa Parmentier des petits larcins qui se commettaient à son détriment. « — En es-tu sûr ? fit Parmentier. « — Parbleu ! répondit l’enfant, puisque j’en étais. » Parmentier récompense généreusement le dénonciateur. C’était un succès. »
Champ de pommes de terre

Champ de pommes de terre | ©Summa / Pixabay

Au menu... des patates !

Finalement, la récolte de la plaine des Sablons à Neuilly est abondante, c’est un succès.

Parmentier compte bien fêter l’évènement avec un repas digne de ce nom. On compte 40 couverts. Parmi les invités, Benjamin Franklin et le chimiste Lavoisier.

Le menu ? L’Histoire, heureusement, en a gardé la trace ! Si vous ne portez pas les féculents dans votre cœur, passez votre chemin...

« Potage à la pomme de terre. 1er service à la pomme de terre. 2e service à la pomme de terre. 3e service à la pomme de terre. Dessert à la pomme de terre. Liqueurs à la pomme de terre. »

Un des invités fait un malaise : on lui donne un médicament à base de patate, très efficace pour les maux d’estomac !

Les autres invités sont en-chan-tés par les agapes.

De jolies fleurs à la boutonnière

Nouveau coup de pouce, pour mettre la pomme de terre à la mode : Louis XVI, pour couper la chique aux courtisans qui se moquaient du bébé de Parmentier, arbore un matin, à Versailles, un bouquet de fleurs de pomme de terre, à la boutonnière.

Tout le monde l’imite.

Et bientôt, hé bien… on consommera la tubercule sans plus aucune peur !

Le saviez-vous ?

Les armoiries de la ville de Neuilly sont intimement liées à Antoine Augustin Parmentier et son tubercule, puisqu’y figurent... trois fleurs de pommes de terre !

Sources

  • Jean-Marie Mauduit-Larive. Dictionnaire français illustré des mots et des choses. 1891.
  • Le Foyer des familles, magasin catholique illustré (tome 11). Janvier 1860.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !